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La pilule rouge
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30 mars 2015

Howard Zinn

Howard Zinn

 

Howard Zinn (1922-2010) est un historien et politologue américain, professeur au département de science politique de l'université de Boston durant 24 ans. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il s'engage dans l'armée de l'air et est nommé lieutenant bombardier naviguant. Son expérience dans l'armée a été le déclencheur de son positionnement politique pacifiste qui élève au rang de devoir la désobéissance civile. Il a été un acteur de premier plan du mouvement des droits civiques et du courant pacifiste aux États-Unis. Auteur de vingt livres dont les thèmes (monde ouvrier, désobéissance civile et « guerre juste » notamment) sont à la croisée de ses travaux de chercheur et de son engagement politique, il est particulièrement connu pour son best-seller Une histoire populaire des États-Unis, qui « l'a consacré comme l'un des historiens américains les plus lus, bien au-delà des campus américains ».

 

Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours

 

Titre : Une histoire populaire des Etats-Unis de 1492 à nos jours

Auteur : Howard Zinn

Genre : Histoire

Date : 2002 (1999)

Pages : 770

Éditeur : Agone - Lux

Collection : -

ISBN : 2-910846-79-2

 

La plupart des historiens sous-estiment les mouvements de révoltes et accordent trop d’importance aux affaires d’État. Ouvrage au vocabulaire tranchant, à la pensée humaniste et d’une extraordinaire puissance d’évocation, Une histoire populaire des États-Unis recense les moments forts d’une contestation étonnante et méconnue de l’Amérique officielle. Cette histoire des États-Unis présente le point de vue de ceux dont les manuels d’histoire parlent habituellement peu, mais dont l’action a profondément redessiné le panorama social et politique du pays de l’Oncle Sam. Portrait des grèves, manifestations et des soulèvements, Howard Zinn exhume les pans occultés de l’histoire, moteurs des grands changements sociaux, en confrontant avec minutie la version officielle et héroïque (de Christophe Colomb à George W. Bush) aux témoignages des acteurs les plus modestes. Les autochtones, les esclaves en fuite, les soldats déserteurs, les jeunes ouvrières du textile, les syndicalistes, les GI du Vietnam, les activistes des années 1980–1990, tous, jusqu’aux victimes contemporaines de la politique intérieure et étrangère états-unienne, viennent ainsi battre en brèche la conception unanimiste de l’histoire officielle. Une histoire populaire des États-Unis a reçu le Prix des Amis du Monde diplomatique et s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires à travers le monde.

 

 

 

Extraits :

 

« Quand le chef Black Hawk fut vaincu et capture en 1832, il fit un discours de reddition : « J’ai combattu bravement. Mais vos fusils étaient bien dirigés. Les balles volaient à travers les airs comme des oiseaux et sifflaient à nos oreilles comme le vent d’hiver à travers les arbres. Mes guerriers sont tombés autour de moi. Un soleil noir s’est levé sur nous au matin, puis a plongé le soir venu derrière un nuage sombre, ressemblant à une boule de feu. C’est le dernier soleil qui brillera sur Black Hawk, […] Il est maintenant prisonnier des hommes blancs. […] Il n’a rien fait dont un Indien puisse avoir honte. Il s’est battu pour ses semblables, les squaws et les papooses, contre les hommes blancs qui venaient, année après année, pour les tromper et s’emparer de leurs terres. Vous savez les raisons pour lesquelles nous vous avons fait la guerre. Tous les hommes blancs les savent et ils devraient en avoir honte. Les Indiens ne sont pas malhonnêtes. Les hommes blancs disent des mensonges sur l’Indien et le considèrent avec mépris. Mais l’Indien ne ment pas et l’Indien ne vole pas. […] Un Indien qui serait aussi mauvais que les hommes blancs ne pourrait pas vivre parmi nous. Il serait mis à mort et dévoré par les loups. Les hommes blancs sont de mauvais maîtres d’école. Ils apportent des livres menteurs et agissent mal. Ils sourient au pauvre Indien dans le seul but de le tromper. Ils lui secouent les mains pour lui donner confiance ; pour le faire boire; pour le tromper et soudoyer nos femmes. Nous leur avons dit de nous laisser et de se tenir éloignés, mais ils ont continué et nous ont harcelés. Ils se sont installés parmi nous, comme le serpent. Ils nous ont empoisonnés par leur simple contact. Nous n’étions plus en sécurité. Nous vivions dans la crainte. Nous étions en train de devenir comme eux, hypocrites et menteurs, adultères et paresseux, toujours à bavarder sans jamais travailler. Les hommes blancs ne scalpent pas mais ils font pire encore : ils empoisonnent les cœurs. Adieu, ma nation! Adieu à Black Hawk. »

 

Pages 155-156

 

« En Californie, il s’agissait d’une autre guerre, au cours de laquelle les Anglo-américains attaquèrent des implantations espagnoles, volèrent des chevaux et déclarèrent l’indépendance de la Californie vis-à-vis du Mexique – donnant naissance à la "République de l’ours". L’officier de marine Revere réunit les chefs indiens qui vivaient là et leur déclara ceci : "Je vous ai fait réunir pour parler avec vous. Le pays que vous habitez n’appartient plus au Mexique mais à une très puissante nation dont le territoire s’étend du grand océan que vous avez tous vu, ou dont vous avez déjà entendu parler, à un autre grand océan à des milliers de kilomètres vers le soleil levant. […] Je suis un officier de ce grand pays et pour venir jusqu’ici j’ai navigué sur ces deux grands océans dans un bateau de guerre qui, dans un bruit terrible, jette des flammes et projette des instruments de destruction, apportant la mort à tous nos ennemis. Nos armées sont en ce moment au Mexique et vont bientôt conquérir tout le pays. Mais vous n’avez rien à craindre de nous si vous faites ce qui est juste […], si vous êtes fidèles à vos nouveaux maîtres. […] Nous sommes là pour préparer cette magnifique région à l’usage d’autres hommes, car la population du monde entier a besoin de plus de place. Ici, il y a assez de place pour des millions de gens qui occuperont et cultiveront le sol. Si vous acceptez les autres, si vous agissez comme il faut, vous n’aurez pas à vous retirer. […] Vous pouvez apprendre facilement mais vous êtes paresseux. J’espère que vous changerez vos habitudes et deviendrez industrieux et frugaux. Abandonnez tous les misérables vices que vous pratiquez. Si vous restez paresseux et gaspilleurs, il se pourrait que vous disparaissiez dans les années à venir. Nous devons veiller sur vous et vous offrir la vraie liberté. Mais prenez garde aux traîtrises, à l’anarchie et à tous les autres crimes, car l’armée qui vous protège peut assurément punir également, et elle vous atteindra même dans vos caches les plus secrètes. »

 

Page 190-191

 

[Réponse d’un esclave en fuite dont le maître réclame de sa part 1000 dollars d’indemnisation pour sa fuite :] « Mme Sarah Logue. […] Vous dites qu’on vous offre de m’acheter et que vous serez obligée de me vendre si je ne vous envoie pas 1000 dollars d’indemnités. Dans la foulée et pratiquement dans la même phrase vous me dites : « Vous savez que nous vous avons élevé comme nos propres enfants. » Madame, avez-vous élevé vos enfants en fonction du marché? Les avez-vous élevés pour le fouet? Les avez-vous élevés pour être ramenés couverts de chaînes? Honte sur vous! En outre, vous dites que je suis un voleur parce que j’ai pris votre vieille jument. Finirez-vous par comprendre que j’avais plus de droit sur cette vieille jument, comme vous dites, que Manasseth Logue n’en avait sur moi? Et qui a commis le péché le plus grave, de moi qui ai volé son cheval ou de lui qui a volé ma mère au berceau pour me voler moi-même ensuite? […] Finirez-vous par comprendre que les droits de l’homme sont mutuels et réciproques, et que si vous prenez ma liberté et ma vie vous renoncez à votre propre liberté et à votre propre vie? Aux yeux du Dieu qui est aux cieux, existe-t-il une loi qui s’impose à un homme sans s’imposer à tous les autres? »

 

Page 211

 

« Entre nous, […] j’accueillerais avec plaisir n’importe quelle guerre tant il me semble que ce pays en a besoin. » Theodore Roosevelt, 1897

 

Page 341

 

« Des Philippines, William Simms écrivait : « J’ai été frappé par une question qu’un petit Philippin m’a posée et ui disait à peu près ceci : « Pourquoi les Américains noirs viennent-ils nous combattre alors que nous sommes plutôt leurs amis et que nous ne leur avons rien fait? Il est comme moi et moi je suis comme vous. Pourquoi est-ce que vous ne vous battez pas contre ces gens en Amérique qui brûlent les Noirs et qui vous traitent comme des bêtes? ».

 

Page 365

 

« En juin 1917, le Congrés vota la loi sur l’espionnage, ratifiée ensuite par Wilson. Son intitulé pouvait laisser penser qu’il s’agissait d’une loi contre l’acte même d’espionnage, mais elle présentait également une clause qui prévoyait une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans d’emprisonnement contre « toute personne qui, en temps de guerre, inciterait volontairement ou tenterait d’inciter à l’insubordination, la trahison, la mutinerie ou le refus de service dans les forces armées et navales des États-Unis, ou qui ferait volontairement obstruction aux services d’enrôlement et de recrutement américains ». À moins de posséder une théorie personnelle sur la nature des gouvernements, on ne pouvait deviner quel usage il serait fait de cette loi sur l’espionnage. Une autre clause précisait que « rien de tout cela ne devait être interprété de manière à limiter ou restreindre […] les discussions, les commentaires ou les critiques touchant l’activité politique du gouvernement ». Ce double langage dissimulait en réalité un objectif unique : la loi sur l’espionnage permit de jeter en prison les Américains qui prenaient position, oralement ou par écrit, contre la guerre. »

 

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